Projet
Le bastion
Le sondage qui a été ouvert à l’est du Bastion moderne sud du site archéologique de Durrës (fig. 1) devait vérifier une hypothèse émise en 2001-2002, selon laquelle, dans ce secteur, les murs mis au jour et considérés comme appartenant à l’enceinte romaine et byzantine de la ville (fig. 2), se prolongeaient en ligne droite vers l’ouest et étaient interrompus par une grande porte monumentale ouvrant vers la mer. Cette hypothèse demandait d’autant plus à être vérifiée que, plus à l’ouest, nous n’avions pas trouvé de mur d’époque romaine sous la muraille byzantine (voir onglet « la muraille byzantine ») et que les fortifications byzantines ne semblaient pas se prolonger aussi loin vers le sud.
Ce sondage a révélé que l’occupation du secteur est ancienne et qu’elle remonte, au plus tard, au IIe s. av. J.-C. Des murs de cette période ont été mis au jour (fig. 3) sans que leur fonction exacte puisse être déterminée. L’époque romaine voit l’occupation de cette région se modifier considérablement : un gros massif de briques rectangulaire (fig. 4) est construit au-dessus des murs antérieurs, puis un dépotoir domestique et artisanal, riche en matériel du IIe s. apr. J.-C. vient s’appuyer contre ce pilier ( ?), montrant ainsi que la région a rapidement été abandonnée et devait se trouver à l’extérieur de la ville.
L’époque byzantine est caractérisée par des modifications considérables du paysage de la région. Comme le montre la muraille conservée en élévation et intégrée dans un immeuble moderne (fig. 2), le secteur est marqué par un remblaiement important qui entraîne une élévation des niveaux de circulation de près de 2,30 m. De gros travaux de terrassement ont donc précédé la construction de la muraille byzantine qui a entièrement disparu à l’ouest du tronçon conservé en élévation, même si une fosse très profonde, contenant du matériel de l’Antiquité tardive, peut avoir été creusée lors de la destruction de ce mur, au nord de notre sondage. Au Moyen-Âge, la ligne méridionale des fortifications est déplacée vers le sud et s’appuie partiellement sur le massif d’époque romaine (fig. 5). Un habitat médiéval qui a connu deux phases successives pouvant être datées des XIIe et XIII-XIVe s., vient s’accoler contre le parement nord de ce mur (fig. 6). Après son abandon, une nécropole probablement de la fin de l’époque médiévale, occupe le secteur.
Les sous-sol du restaurant « Portiku », immédiatement à l’est de notre sondage ont révélé l’existence de puissantes fondations longues d’au moins 18 m., en gros blocs irréguliers présentant des chaînages verticaux qui devaient prolonger une structure porteuse en élévation du type colonne ou pilier (fig. 7). Il se peut qu’il s’agisse des vestiges d’un portique, ce qui ne serait guère étonnant à proximité du port antique de Dyrrachium. D’autre part, nous n’avons trouvé aucune trace de la muraille romaine dans cette région. Si elle a existé, elle devait se trouver plus au nord.